Après un changement de trajectoire pour s’aligner avec ses valeurs, Anaïs Laviolette, chargée d’études en décarbonation, s’apprête à coordonner l’Agenda 2030, le programme de développement durable du Département des Hauts-de-Seine.
Un mot sur votre parcours ?
J’étais ingénieure spatiale. Mon histoire, c’est celle d’une reconversion professionnelle ! À l’issue de ma prépa, j’ai choisi le secteur aéronautique et spatial, pour les opportunités qu’il offrait alors aux jeunes ingénieurs. La trentaine approchant, j’ai commencé à avoir envie d’explorer de nouveaux horizons, davantage en adéquation avec mes valeurs environnementales. Je n’ai pas eu de déclic, mais une conscience croissante de l’urgence climatique, qui m’a donnée envie d’agir à mon tour, à mon niveau. Je suis donc retournée sur les bancs de l’université en cours du soir, pour suivre une formation en construction et développement durable.
Qu’est-ce qui vous a décidée à rejoindre le Département des Hauts-de-Seine ?
En parallèle, je suis devenue bénévole pour la Fresque du climat, qui propose des ateliers scientifiques et ludiques pour permettre à chacun de comprendre les enjeux du changement climatique. J’ai aussi intégré le mouvement des Shifters, une association qui accompagne le groupe de réflexion The Shift Project, spécialiste de la transition énergétique et de la décarbonation. L’essai, je l’ai transformé en 2021, en démissionnant puis en intégrant une société spécialisée dans l’élaboration de bilans carbone pour les entreprises. L’envie de découvrir le service public, qui avait commencé à germer quelques années plus tôt m’a cependant poursuivie ! J’ai alors plié bagages pour rejoindre, en octobre 2022, la direction des parcs, paysages et environnement du Département des Hauts-de-Seine.
Pouvez-vous nous présenter vos missions ?
Je suis une grande curieuse, c’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’appréhende les nouveaux projets qui me sont confiés ! Au quotidien, j’accompagne les directions dans leurs démarches environnementales, et notamment les musées départementaux, qui sont engagés dans un processus de réduction de leur empreinte carbone. Je travaille aussi à la définition de clauses environnementales pour les marchés publics, afin de soutenir une politique d’achats plus verte. Mais le cœur de mes missions c’est, en ce moment, le travail de coordination de « l’Agenda 2030 » de la collectivité.
En quoi consiste l’Agenda 2030 du Département des Hauts-de-Seine ?
Le Département des Hauts-de-Seine s’est engagé tôt dans une démarche de maîtrise de son empreinte carbone. En 2022, il a adopté un nouveau plan d’actions pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre, poursuivant la baisse de près de 30 % engagée au cours des dernières années. La volonté politique est très forte, elle a été réaffirmée face à l’urgence d’agir. Le Département entend donner un cap et une cohérence environnementale à l’ensemble de ses politiques, en fixant une stratégie opérationnelle qui s’inscrive dans le temps long. Le travail de définition de cette stratégie a commencé à l’automne 2022, avec une phase d’étude. Toutes les politiques départementales seront évaluées au regard des 17 objectifs du développement durable définis par l’ONU. L’objectif est d’aboutir à un Agenda 2030, qui fixe des objectifs à horizon 2030 et un plan d’actions pour les atteindre. Il devrait être soumis à l’assemblée départementale au début de l’année 2024.
Avez-vous le sentiment d’agir concrètement en faveur de la transition écologique ?
À titre d’exemple, je suis très admirative du travail mené par la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte. Membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et du Haut Conseil pour le climat, elle s’applique à lutter contre le climatoscepticisme. L’admiration que je lui porte traduit mon attachement à faire entendre la parole scientifique. La transition écologique est l’affaire de tous. Or, lorsque l’on parle de paramètres comportementaux, on touche à l’intime, aux habitudes de consommation, de déplacements… qui sont difficiles à modifier. Il ne s’agit pas d’être dans l’injonction. Dans chaque secteur, il est possible d’agir. Il faut pour cela construire un discours sur le changement climatique qui permette de se projeter dans un environnement désirable, qui pousse à l’action. C’est tout le sens de l’action qui est portée par le Département et à laquelle je suis fière de contribuer.