Jasmine Gherram

Jasmine Gherram

© CD92/Stéphanie GUTIERREZ-ORTEGA

Cheffe du service des fonds à la direction des Archives départementales

À la tête d’une équipe chargée de préserver et de documenter les fragments du passé, elle défend l’idée d’un patrimoine historique accessible à tous. Rencontre avec Jasmine Gherram, cheffe du service des fonds à la direction des Archives départementales.

Un mot sur votre parcours ?

Ma "chronologie professionnelle"débute sur les bancs de la fac d’Histoire. J’étais passionnée par le château de Versailles, sa cour, et le phénomène de concentration de la vie politique et culturelle du royaume. C’est à la faveur des travaux de mon mémoire de recherche que j’ai commencé à côtoyer l’univers des archives. Je crois que c’est d’abord la dimension sensorielle de ces documents, qui dataient de plusieurs siècles, qui m’a frappée. C’était le matériau brut de l’histoire, qui documentait des pans entiers de la vie quotidienne des populations. Un nouveau master, mention Archives cette fois, en poche, j’ai enchaîné quelques contrats pour me faire la main, puis j’ai rejoint la Ville de Sèvres avant d’être recrutée par le Département en tant que chargée de collecte puis de devenir, quatre ans plus tard, cheffe du service des fonds.


Pouvez-vous nous décrire le travail mené par votre service ?

Les Archives départementales abritent près de 30 kilomètres de collections. Ces fonds constituent autant de brins d’histoire précieusement conservés. La plupart d’entre eux émanent des services de l’État sur le territoire : préfecture, tribunal, hôpitaux, service des impôts... Les traces à récolter sont nombreuses et diverses. Elles viennent documenter la petite et la grande histoire des Alto-Séquanais. Si je tiens à témoigner, c’est pour mettre en lumière la contribution de mes équipes à la construction d’un récit commun. Car la mémoire est toujours le produit d’un geste de tri, de documentation et d’un acte de conservation. C’est même un travail de fourmi ! Une fois les ressources recueillies et sélectionnées par les agents chargés de la collecte, nous réalisons une démarche de synthèse du contenu des dossiers. Il faut s’immerger pleinement dans les fonds, souvent très volumineux, pour les comprendre. Les agents acquièrent des connaissances scientifiques pointues sur les domaines couverts par les Archives départementales. Dépoussiérage, reconditionnement… Certains documents s’offrent une mise en beauté pour être présentés sous leur meilleur jour. Nous avons la chance d’avoir un atelier de conservation préventive, qui se charge de la remise en état des documents. Ils réalisent des systèmes très ingénieux pour que ceux-ci puissent être manipulés et exposés.


Qu’est-ce qui vous plaît au quotidien ?

Nous conservons tous un lien avec le public, en assurant des permanences hebdomadaires en salle de lecture. Cela nous permet de rencontrer une partie de celles et ceux pour qui nous travaillons. Car c’est bien dans le sentiment d’utilité que réside mes plus grandes satisfactions. Les fonds conservés peuvent être exploités tant par des chercheurs, des personnes qui cherchent à lever le voile sur une partie de leur histoire, qu’afin de permettre de retrouver des documents probants. Après plus de huit années passées aux Archives départementales, je conserve une émotion intacte face aux traces qu’elles révèlent, aux voix qu’elles font entendre. Parmi les nombreux fonds que nous traitons, beaucoup ne laissent pas indifférent, comme les archives qui relèvent de l’aide sociale à l’enfance ou de la protection judiciaire de la jeunesse. Nous sommes aussi amenés à prendre en charge des fonds privés qui dévoilent des témoignages plus intimes, parmi lesquels se trouvent par exemple des correspondances de la Grande Guerre qui sont particulièrement émouvantes.
 

Consulter le site des Archives départementales