L’ingénieure à énergie positive se livre sur les premiers travaux qui l’attendent à la tête de la direction des bâtiments.
Cela fait quelques semaines qu’elle a posé ses valises, et sa direction vient de livrer une œuvre architecturale majeure. À travers un va-et-vient lumineux constant entre espaces intérieurs et extérieurs, le nouveau musée Albert-Kahn s’inspire de la relation particulière entre le collectionneur et le Japon. « Un projet remarquable » se réjouit-elle. Débit rapide et enthousiaste, elle décrit son arrivée au Département comme un « défi », qu’elle « ne pouvait pas laisser passer ». « Ce territoire représente un terrain de jeu incroyable, tant du point de vue de son patrimoine que des projets qu’il permet de faire émerger. Cela représente aussi pour moi une première expérience en collectivité, et j’ai été séduite par la dimension de proximité, de service rendu à l’usager. »
Traduire les politiques publiques
Son CV ? Elle grandit à Nancy, obtient son diplôme d’ingénieur des travaux publics de l’État en 1999, et déroule un parcours presque entièrement consacré au service public. « Une tradition familiale dont on hérite forcément, et l’envie de servir des valeurs auxquelles je suis profondément attachée » précise-t-elle. Elle tombe dans le chaudron de la construction « presque par hasard », « accroche » tout de suite. « Le bâtiment est un outil au service d’organisations de travail, de modes de vie, mais il représente aussi la traduction technique de politiques publiques. » Elle débute à la direction départementale de l’équipement de Seine-Saint-Denis, rejoint l’Agence publique pour l’immobilier de la justice, accompagne la sortie de terre de centres pénitentiaires mais aussi l’extension de l’École nationale des greffes. Puis ce sera la filiale immobilière de La Poste où, devenue directrice de projet immobilier, elle achève en un temps record le déménagement du groupe, avant de rejoindre la Cour des comptes en tant que directrice du patrimoine et de la logistique et d’obtenir, en début d’année 2022, la promotion d’ingénieur des ponts, des eaux et des forêts.
Rénovation énergétique
Elle trace les ambitions qui guident ses premiers travaux à la tête de la direction. De grandes opérations de réhabilitation ou de construction de collèges, mais aussi des projets d’exception, le stade Yves-du-Manoir ou le futur musée du Grand Siècle à Saint-Cloud. Une feuille de route marquée par les questions environnementales. « Nous sommes très attendus sur le volet de transition écologique, avec des enjeux de décarbonation des chantiers et d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments. Notre parc, c’est aussi de l’existant, qu’il faut entretenir et mettre aux normes. Les ambitions sont immenses, et il faut aller vite pour répondre à la réglementation qui impose aux propriétaires de bâtiments tertiaires de réduire leur consommation énergétique de 40 % d’ici 2030. Ce plan de rénovation énergétique constitue un levier majeur pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 fixé par l’Europe. »
Second volet, les solidarités. « Le Département s’est engagé à renforcer les modalités d’accueil des jeunes accueillis au titre de la protection de l’enfance. Nous allons proposer un éventail de solutions pour accompagner cette ambition, en construisant de nouveaux lieux d’accueil ou en transformant des sites existants. Il faut agir vite et fort, on touche là à toute la noblesse du service public ».
Aujourd’hui à la tête d’une équipe de près de 170 agents, elle évoque, des collaborateurs « professionnels, agréables et engagés », et évoque la coopération initiée avec son homologue du Département des Yvelines. « Nous avons de nombreux sujets de préoccupation communs, sur lesquels nous allons continuer à travailler ensemble, et partager les bonnes pratiques. »
Équité et franchise
On l’interroge sur sa signature. Elle se dit soucieuse d’offrir à ses collaborateurs un « cadre clair », défend l’équité et la franchise comme vertus cardinales, et cultive une attitude empreinte d’optimisme et d’humour. À ses heures perdues, elle lit. Son panthéon est éclectique, oscille de Jane Austen à Virginie Despentes, en passant par Émile Zola, dont elle a lu certains des ouvrages « dix ou quinze fois ». « C’est un écrivain visionnaire, qui a su dépeindre la société et la figure des bâtisseurs de son temps ».